Le personnage du despote est souvent entouré de mythes. Perçu comme un être invincible, inébranlable, tout-puissant, il suscite crainte et terreur chez ses courtisans et ses sujets. Pourtant, rien n’est plus éloigné de la réalité que ces projections fantaisistes que l’on fait sur ce personnage qui n’est qu’un homme, marqué du sceau de la finitude, qui est la chose du monde la mieux partagée, le dénominateur commun qui, au-delà des titres et des privilèges, ramène à cette réalité d’une communauté de destin : la fragilité et la mort. Le présent article aborde le thème de la fragilité du despote à travers l’ouvrage de Daniel Assoumou Ndoutoume Du Mvett l’Orage, processus de démocratisation conté par un diseur du Mvett, paru en 1993 à Paris aux éditions l’Harmattan. Dans une Afrique où les dictatures parées du vernis de la démocratie existent encore, des Atoane Obame Ndong, figure de tous les despotes dans notre récit, attirent l’attention de la philosophie pour relire et interpréter, à travers ce texte traditionnel, la trajectoire séculaire des despotes et la cécité qui les caractérise avant l’expérience inéluctable de leur déclin.